Palme d'or MONDIALEde l'accueil décernée à l'Azerbaïdjan ! « Tchaï pitt’ ? »… (« une tasse de thé ? ») est le « bonjour » local des villageois ou bergers croisés. Et derrière la tasse de thé… des repas festifs (qui nous changeaient de notre sempiternel « pain-saucisse-fromage »), des matelas confortables dans des pièces molletonnées de tapis par terre et sur les murs, le plein de chaleur familiale (plusieurs générations sous le même toit), le plein d’amitié ! Ah, il est inutile ici de chercher à planter sa tente à côté d'un village de montagne (toit garanti), inutile d'insister pour payer sa bouffe dans certains magasins (offerte), inutile de penser pouvoir refuser aux vendeurs de melons ou pastèques plantés le long des routes de goûter leurs fruits (ils nous gavent)...
L'ascension du mont Babadaǧ (3629 m) Cette montagne sacrée est un lieu de pèlerinage musulman (les vœux des grimpeurs se réalisent ; si, si...). Nous partons de Gurbangah, campement saisonnier, où nous dormons bercées par les invocations d'un illuminé qui chante le Quran toute la soirée ; les bêlements des moutons qui descendent, hélés par leurs maîtres restés en bas ; le halètement des pèlerins locaux qui reviennent exténués ; le souffle profond des vaches qui rentrent à la nuit et font une pause près des tentes avant de poursuivre leur route prédéfinie... Nous avons nos sacs (ce sommet est sur notre chemin), et grimpons sous une brume humide qui nous accroche des gouttelettes partout, avant de se transformer en pluie. Mouise, vent, froid ; on n'y voit pas à 10 m. À 300 m de dénivelé du sommet, un abri de berger en pierre, fermé par une épaisse couverture, sera notre cocon inespéré pour la nuit. En toute fin de journée, un rayon de soleil... Le col non loin nous offre un panorama qui justifie toute cette ascension brumeuse et mouillée, où l'on n'y voyait pas plus loin que le bout de notre nez : des îlots rocheux émergent d'une mer de brumes que nous survolons... L'étroit sommet, atteint le lendemain, sera la porte d'une formidable route des crêtes.
La variété, l'immensité et la beauté des paysages traversés ! Je vous jette en touffe ces quelques réminiscences : Le désert creusé de ravines des premiers jours, le cagnard et les fermes fantômes (abandonnées en été) où nous trouvons refuge pour la nuit ; le vaste paysage qui peu à peu se plisse de monts qui vont du jaune au vert, où l'on voit se découper à contre-jour des hommes à la faux, des tracteurs d'un autre âge et des paysans qui ramassent leurs bottes de paille... Puis le relief devient de plus en plus vert, ici des cultures, là des bergers à cheval avec leurs troupeaux (moutons, vaches, chèvres). Plus haut, des vallées immenses au milieu desquelles coulèrent des rivières (rigoles en été) ; plus haut, quelques campements de semi-nomades sur des replats au flan des pentes, des gars à cheval ou à pied qui crient pour guider leurs bêtes sur la montagne verticale (comment tiennent-ils ?) ; et puis des sommets à perte de vue, des prairies fleuries où l'on a envie de se rouler, ivre de pollens. Des crêtes vertigineuses, un berger sorti de nulle part qui nous ré-oriente ; des aigles qui volent les doigts des ailes en éventail ; des monts herbus et des ravines ; des cavaliers solitaires ; des "montagnes russes" raidissimes ; une douce moquette d'herbe rase, avec les 4000 m enneigés en arrière-plan, à portée de pied ; ces cairns immenses qui se découpentsur les crêtes, qui paraissent inaccessibles et qui pourtant jalonnent notre avancée ; la forêt, rarement, et comme ça fait bizarre alors de voir... un arbre.
PHOTOS D'Azerbaïdjan (Appuyer sur la touche F11 pour voir le diaporama en grand ; "play" en haut à G)