Le bitume, le goudron, l'asphalte : non merci, non merci, non merci ! (Ainsi que les voitures et la puanteur qui vont avec). De Baku à Gobustan pendant 2 jours, d'Oguz à Shéki pour cause d'absence de sentier (stage commando dans les ronces le matin, marche forcée sur la chaussée l'après-midi).... Nous avons de temps en temps été contraintes d'arpenter le macadam, les pieds en feu, le mal aux pattes, bien lasses, tandis que sur n'importe quelle autre surface... ça passe tout seul.
"Nié Boisa ?" ("Vous n'avez pas PEUR ?") De quoi ? Des ours, des loups (car partout on nous dit de nous en méfier) ? Mais non. Ce dont on a peur, nous, c'est des chiens de bergers. Pas des chiens-chiens à leur mémères, mais plutôt des mon-monstres à leur berber(ger). Oui, des monstres aux oreilles coupées, avec des colliers hérissés de pointes métalliques, que même leurs maîtres ne peuvent toucher ; des molosses mesurant a minima 1 m au garrot, baveux de haine, que nos jets de pierres empêchaient à peine de se jeter sur nous. Ils gardent les troupeaux des semi-nomades arpentant les environs de leurs campements d'été. > Deux remèdes : s'écarter au maximum des troupeaux ou des tentes et hurler pour que "quelqu'un" (parfois illusoire) vienne les chasser ; s'ils attaquent (nous avons subi deux charges assez effrayantes) : le canardage de caillasses et le lent recul en faisant sa prière.
Nos vieilles cartes soviétiques...aux sentiers périmés (pas tous, heureusement) Ah, les sentiers marqués sur la carte et qui n'existent plus ! Notre obstination à les chercher nous a parfois mises dans des situations, euh... stressantes. Un exemple parmi d'autres ? La remontée de la vallée après le village de Xinalig. Nous suivons les fins sentiers d'animaux accrochés aux parois grises pentues, la rivière glougloute à tout va en contrebas. Sur ce versant de droite, il y a quelques passages glissants et délicats (avec à-pic de 30 m en dessous), jusqu'à ce que ça finisse par ne plus passer du tout. Nous redescendons vers le torrent, de plus en plus agité et encaissé. Nous sommes bel et bien dans une sorte de cul-de-sac, avec à droite une étroite vallée infranchissable qui remonte, la poursuite de notre filature de la rivière (le chemin à suivre) impossible dans l'eau (trop profond, trop de courant, et des rochers glissants impossibles à escalader), et très ardue à gauche. Nous passons donc à gauche, à 15-20 m au-dessus de l'eau ; à un moment, une coulée de terre sèche coupe le passage. Je m'y engage. À peine le pied posé je glisse, tombe sur le dos, glisse... Sans pouvoir rien faire, je vois approcher le moment où je vais tomber dans la rivière... Je suis arrêtée par miracle, 1 m avant le vide, par je ne sais quelle aspérité ; si je bouge un cil, je repars dans la coulée. Nath descend du côté "meuble" et vient m'empoigner pendant ma manœuvre de retournement et d'extraction du couloir. Nous passerons à un autre endroit - non sans peine pour moi -, poursuivrons la route dans l'eau et sur les rochers... jusqu'à une espèce de vallée du bonheur fleurie ; puis rebelote le long du bras de gauche de la rivière, et pause déj' en plein cagnard à côté d'un bloc de glace qui fond. Ça sent l'ours. Plus loin, la montagne s'ouvre un peu, les espaces se font plus vastes, jusqu'à ce que se découpe sur le bleu du ciel cette vision d'un autre temps : un cavalier et 4 chevaux en haut d'une butte. Nous allons à leur rencontre et tombons sur un campement d'hommes "qui viennent du coin de Laza". Pas de celui Xinalig. Nous avons bel et bien passé une frontière.
4 fois où nous nous sommes félicitées d'être 2 Un nomade assez lourd qui vient soulever le bord de la tente, pose des questions, demande si on est armées... Un jeune cow-boy plein d'ardeurs croisé dans les herbes et les fleurs... Un visiteur du soir des plus collants... Bref. Quand nous sommes sous nos tentes nous avions notre tactique : Sophie qui sort et cause, Nath qui reste sous sa toile sans rien dire. Le visiteur croit aisément que c'est un homme qui est là-dessous, ou gamberge sur le nombre d'hommes armés jusqu'aux dents tapis là en silence... Vive l'ignorance entretenue.
Aïe aïe aïe... ouille ! Nath s'est abîmé méchamment les pieds, dès le 2e ou 3e jour de marche. Elle a souffert pendant 2,5 mois. Bilan des docteurs au retour : aponévropathie plantaire bilatérale. Cela l'a bien gênée, et a influé certains de nos choix.